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22.04.2024
#MACROECONOMIE

Impacts des baisses de taux de la Fed retardées mais pas annulées

Guy Ertz, Deputy Chief Investment Officer Edouard Desbonnets, Senior Investment Advisor

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Messages clés
 

• Changement de ton de Powell : il a suggéré de retarder les baisses de taux en raison de pressions inflationnistes persistantes.

• Perspectives de baisses de taux de la Fed : les baisses de taux sont repoussées, y compris en 2026. Nous ne prévoyons qu'une seule baisse de 25 points de base en 2024. Nous prévoyons toujours quatre baisses en 2025 et deux en 2026.

• Rendements obligataires : nous voyons un risque de hausse des rendements obligataires à très court terme. À un horizon de 12 mois, nous prévoyons des rendements obligataires plus faibles. Objectif 4,25 %. Nous restons Positifs à l'égard des obligations d'État américaines : nous préférons actuellement les échéances plus courtes (3 à 5 ans) et souhaitons allonger les échéances lorsque le rendement à 10 ans se rapprochera de notre objectif à court terme de 4,75 %.

• Objectif EURUSD : nous avons ajusté notre objectif à 12 mois de 1,15 à 1,12. Nous ajustons également nos objectifs pour le Yen. 

 

Réserve fédérale américaine
 

Le ton du président de la Réserve fédérale, Jérôme Powell, a changé suite à la publication des chiffres de l'inflation de mars. Il a indiqué que la persistance d'une inflation élevée retarderait probablement toute baisse des taux directeur de la Fed jusqu'à la fin de l'année. Par conséquent, nous pensons qu'une baisse des taux en juin n'est plus envisageable. Nous pensons que la Réserve fédérale a toujours l'intention de procéder à des baisses de taux cette année. Il s'agirait d'une « assurance » dans une optique de gestion des risques, car il existe des risques à baisser les taux trop tôt, mais aussi des risques à baisser les taux trop tard, étant donné que la Fed cherche à réaliser un atterrissage en douceur de l'économie. L'inflation reste élevée et difficile à évaluer. Certaines composantes sont en augmentation, comme les services de base hors logement pour le troisième mois consécutif, tandis que d'autres ont ralenti, comme la croissance des salaires. Nous prévoyons toujours une modération de l'inflation cette année, mais la meilleure résistance de la composante « services de base hors logement » devrait rendre cette modération plus progressive. Nous prévoyons que l'inflation atteindra 3,05 % dans 12 mois, ce qui est supérieur à l’estimation du marché de 2,8 %.

La croissance économique se poursuit, malgré un léger ralentissement mis en évidence par l'indice des directeurs d'achat (PMI) du mois de mars. Néanmoins, les ventes au détail robustes de mars soulignent la résilience des dépenses de consommation. Les tensions géopolitiques au Moyen-Orient ajoutent une couche de complexité au paysage économique, avec la possibilité d'une hausse des prix de l'énergie et d'une volatilité accrue des attentes en matière d'inflation, ce qui devrait inciter la Fed à plus de prudence. Nous pensons que la Fed sera plus prudente que ne le prévoit le marché (1,7 baisse de taux cette année). Nous ne prévoyons qu'une seule baisse de 25 points de base cette année, lors de la réunion du FOMC du 18 septembre. Il est vrai qu'il est très inhabituel que la Fed démarre un cycle de baisse des taux si près d'une élection (5 novembre), cela ne s'est produit qu'une seule fois depuis les années 70, en 1984. Cependant, ces baisses de taux sont attendues depuis si longtemps qu'il serait injuste de dire qu'elles vont interférer avec les élections. Pour les années suivantes, nous prévoyons davantage de baisses de taux que ce qui est anticipé par le marché, avec un total de quatre baisses en 2025 et deux en 2026. Il en résulterait un taux de fin de cycle de 3,75 %.
 

Perspectives pour les rendements obligataires


Les rendements obligataires pourraient se tendre légèrement au cours des prochains mois en raison d'un certain nombre de facteurs. Tout d'abord, l'appétit pour les obligations d'État a diminué, comme en témoigne la récente faiblesse des adjudications des bons du Trésor, quel que soit les échéances. Deuxièmement, nous pensons que le marché continuera à réduire ses attentes en matière de baisse des taux directeurs. Enfin, compte tenu de la volatilité accrue de l'inflation attendue et des inquiétudes concernant le déficit américain, la prime de terme devrait augmenter. À noter que cette prime est revenue à zéro et qu'elle était proche de 50 points de base en octobre 2023, lorsque le déficit budgétaire suscitait des inquiétudes.

À horizon 12 mois, nous prévoyons une baisse des rendements obligataires avec 4,25 % comme objectif. Cette projection est conforme aux tendances historiques, où les rendements obligataires baissent lorsque la Fed réduit effectivement ses taux.

Nous restons donc Positifs à l'égard des obligations d'État américaines. D'un point de vue tactique, nous préférons pour l'instant les échéances plus courtes (3-5 ans) en raison du risque à court terme de rendements plus élevés. Nous chercherons à augmenter les échéances lorsque le rendement à 10 ans se rapprochera de notre objectif de 4,75 %.

 

Perspectives pour les devises

Les perspectives pour l'EURUSD sont très sensibles au différentiel de taux d'intérêt et aux perspectives de changements des politiques monétaires. Nous estimons désormais que la Fed ne réduira ses taux qu'une seule fois cette année et seulement en septembre, tandis que nos perspectives pour la BCE restent inchangées. La BCE devrait commencer à réduire ses taux en juin, avec trois baisses de 25 points de base cette année. Le différentiel de taux attendu justifie un potentiel de dépréciation plus faible de l'USD par rapport à l'EUR au cours des 12 prochains mois. Nous ajustons notre objectif de 1,15 à 1,12 (valeur d'un euro).

Nous révisions également nos objectifs pour le yen. Nous continuons de penser que la fin de la politique de taux d'intérêt négatifs au Japon en mars devrait progressivement accroitre l’attrait pour le yen, mais le fait que la Fed réduira ses baisses de taux au cours de l’année à venir réduit le potentiel de renforcement du yen. Nous ajustons notre objectif USDJPY à 3 mois de 145 à 150 et notre objectif à 12 mois de 134 à 140 (valeur d’un dollar US).

 

Guy Ertz, PhD et Édouard Desbonnets,

Deputy CIO et Senior Investment Advisor
BNP Paribas Wealth Management

 

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